mardi 6 janvier 2015


LES VINS DE LOIRE 

Les 20 de Loire sont, paraît-il, deux  fois moins nombreux que les 40 voleurs. La chose ne manque pas de faire naître une certaine inquiétude, d’autant que nous venons d’apprendre que ces même 40 voleurs seraient deux fois moins nombreux que les 80 chasseurs.
Y aura-il assez à boire pour tout le monde ? On se perd en conjecture et les populations viticoles ligériennes se barricadent dans leurs caves en envoyant des émissaires au gouvernement pour obtenir la déclaration d’état de catastrophe naturelle.
Nous comprenons parfaitement que beaucoup d’entre vous n’en aient strictement rien à faire et sont déjà passés à l’ennemi entre Rhin, Rhône, Garonne ou tout autre nom de rivières, de ruisseaux à leur convenance, nom propre ou commun de leur choix.
Qu’y pouvons-nous si cette tendresse particulière pour les vins de Loire nous vient d’une jeunesse où le vol des fonds de burettes d’enfant de chœur était balbutiements d’une éducation au plaisir et les premiers symptômes d’une maladie d’amour incurable?
Bien sûr, il faut en convenir: tous ces vignobles flirtant avec le cours de la Loire entre Roanne et Nantes, vautrés sur ses flancs ensoleillés jusqu’à mourir au bord de son lit généreux, ça peut en irriter beaucoup ! Il en est même certains parmi nous qui commencent à trouver que le tintamarre  des flonflons ligériens prendrait un curieux accent de marchands du temple électoral.
Halte au terrorisme d’un cours d’eau dont la sauvagerie n’aurait, paraît-il, pas d’égal dans notre belle France.
Et voilà que de nouveaux missionnaires ne se sentant plus missionner depuis l’inscription  de notre sauvage territoire au patrimoine mondial de l’UNESCO voudraient labelliser à tout va nos populations poétiquement égarées dans de jolies fêtes païennes.
Au dire de ceux qui se sont laissé prendre, se faire labelliser, ça fait très mal ! Moi même qui vous parle, j’ai failli subir l’infamie: je n’ai pas entendu le Père Unesco s’approcher doucement par derrière. Fort heureusement, mon odorat m’a sauvé car un Père Unesco, ça sent fort le patrimoine et quand c’est du vieux patrimoine, ça sent encore plus fort, un peu comme un fromage de moine trappiste, voyez-vous ?
On en viendrait même à nous déclarer  aujourd’hui avec une autorité déconcertante que « Nul n’est censé ignorer la Loire » et donc par voie de conséquence : « Au nom de la Loire, je vous arrête ! »
Aussi, dès aujourd’hui, nous, citoyens « sans foi ni Loire », nous nous déclarons à qui veut l’entendre, définitivement « Hors la Loire », la leur, pas la nôtre !

3 commentaires:

  1. Très joli texte de fidèle à sa propre Loire....

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  2. L'habit "label" ne fait pas la Loire, j'en suis convaincu. Et Loire qui roule n'amasse pas mousse mais pétillement! Quel est le véritable label? Immatériel? Mobilier? Immobilier? Chez nous, l'Unesco a accepté l'intégration d'une manifestation folklorique: les Gilles de Binche. Une connerie sans nom.
    Près de chez moi, on bloque une route depuis vingt ans au moins, sous prétexte qu'elle est surplombée par une paroi rocheuse dangereuse (paraît-il...pas un caillou n'est tombé depuis quarante-quatre ans que je vis ici) sur laquelle pousse, tiens-toi bien, la joubarbe d'Aywaille, protégée par Natura 2000. Cette variété est d'Aywaille car, assieds-toi, elle pousse à Aywaille. C'est une sorte de plante grasse ridicule qui pousse partout dans le monde - j'ai ramené un exemplaire de la frontière mongole. Les démarches sont entreprises auprès de l'Unesco pour qu'elle prenne place dans le grand livre! C'est dire! A côté de cela, la Loire, si silencieuse, aurait-elle son mot à dire?

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  3. Voilà ce qu'elle te dit, la Loire ou, du moins ce qu'Emile Joulain, le poète angevin, lui faisait dire:
    "Et moi aussi je suis une grande dame de votre vallée
    La couleur de ma robe est faite de toutes les eaux mêlées
    A tous les sables et à tous les limons qui descendent des amonts
    Des molles collines comme des grands monts
    Je suis une dame à grande robe
    Couleur du temps, des midi et des aubes
    Couleur des couchants et des nuits
    Couleur des laves du Puy
    Couleur d’une rose qui se fane
    Des toits de tuiles de Roanne
    Couleur des voiles de gabares
    Qui descendent de Briare
    Couleur des prés verts
    Qui cernent Decize et Nevers
    Couleur du ciel bleu de lavande
    Quand j’entre en Anjou à Candes
    Couleur du matin qui s’argente
    Quand je passe à l’aurore à Nantes
    Et couleur du soir vert clair
    Quand je vais me perdre dans la mer…
    Je suis la grande dame du val
    Qui passe comme Jeanne de Laval
    Avec ma robe à traîne
    Entre les saules et les frênes
    Entre les haies de peupliers
    Alignés comme des chevaliers
    Sur les rives et sur les boires
    Je suis la Loire….la Loire….la Loire…"

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