Nous avons une certitude : Nantes
en 2099 et en 2101 ressemblera à peu de choses près au Nantes de 2100. Par
contre nous avons plus de difficulté à définir ce que sera Nantes en 2100.
A partir de l’Histoire de cette
ville, quel genre de situation nous paraît déraisonnablement envisageable ?
De même que Nantes n’a pas toujours
existée, il est logique de penser qu’elle puisse disparaître à nouveau après un
certain nombre de « Grenelle de l’environnement » conduisant
irrémédiablement à la suppression radicale et autoritaire de toute agression
urbaine à l’encontre d’un fleuve tendant à redevenir, entre temps, totalement
sauvage.
Avant chaque démolition ordonnée, les
archéologues auront frénétiquement (les archéologues sont toujours frénétiques)
relevé toutes constructions, voies, avenues, égouts et autres réseaux
souterrains afin de sauver la mémoire de la ville au profit des générations
futures et en particulier des visiteurs et touristes émus devant la grande
beauté du ce nouveau paradis terrestre.
Comme ce fut le cas jadis, la Loire
ayant retrouvé sa sauvagerie originelle ne passera plus dans son lit actuel
mais aura repris son cours primitif, au-delà du Sillon de Bretagne du côté de
la Vilaine.
Quelques éminents
Architectes-Paysagistes de renommée internationale, suite à un grand concours
tout aussi international, auront pour mission de réaménager le site ainsi
abandonné par la Loire en semant du gazon là où passait l’eau, restituant par
ce geste de grand talent la trace originelle du fleuve. Cet immense
engazonnement sera recoupé régulièrement par quelques traversées piétonnes en
bon granit breton, là où jadis passait un pont, ce qui, avouons le, sera tout
de même plus confortable pour y donner des bals, chassés depuis trop longtemps
des anciens ponts de Nantes.
« Dites-moi donc, mon bon, c’est
bien joli tout ça, mais où vivront donc les Nantais en 2100 ? »
Dans un « Lieu unique » qui
rassemblera, comme son nom l’indique, la grande diversité de ses habitants. Ils
ne s’appelleront plus des Nantais, terme considéré comme trop folklorique et
suranné mais des « Gens
uniques », autrement plus fédérateur pour une Agglomération ayant vaincu
les réticences Nazairiennes et Angevines à la fois.
Ce lieu unique sera souterrain,
underground comme on disait jadis, les permis de construire n’étant accordés
que pour des implantations souterraines. Les « plans d’occupation du
sol » seront devenus depuis longtemps les « plans d’occupation du
sous-sol » et la totalité du territoire sera classée en une zone unique
dénommée « Zone naturelle » où aucune construction ne viendra
gâcher le paysage.
C’est alors qu’un grand élan d’amour
s’instaurera entre la population et les urbanistes-Architectes enfin
respectueux de l’environnement. Les grands ensembles seront devenus des grandes
galeries et les nouveaux ensembles commerciaux des Nouvelles Galeries. Les
immeubles tours deviendront des immeubles puits. Les lotissements seront des
fromages de gruyère sans gruyère dont les jardins seront uniquement des
champignonnières. La circulation automobile sera exclusivement souterraine et
les embouteillages auront donc lieu en cave où les boites de nuit retrouveront
leurs lieux de prédilection.
Les vacances d’été se prendront dans
des bases sous-marines et les pêcheurs à la ligne deviendront des pêcheurs
sous-marins. On ira aux sports d’hiver dans des stations aménagées dans les
parties invisibles des icebergs potentiellement beaucoup plus exploitables que
les parties visibles. On y pratiquera le
ski de fond et pour les plus entrainés, le ski de grands fonds.
Ce sera enfin le bonheur !
Tout ça parce qu’un jour, un idiot a
dit : « Pour vivre heureux, vivons cachés »
J’oubliais : Nos responsables
politiques régionaux, après un débat de haute tenue intellectuelle et morale,
décideront certainement d’abandonner le nom actuel de notre département pour
revenir à l’appellation ancienne de « Loire-inférieure »