LA
GRIPPE
Voilà
que je me suis pris en grippe ! Cela va faire maintenant un peu plus de
deux semaines.
Tous
les ans, pourtant, je prenais bien soin à l’approche de l’hiver de me plier à une séance de vaccination chez
mon psy. Cette année, rien n’y a fait et la maladie m’est tombée dessus
brutalement : Je me suis pris en grippe sans que rien ne me laisse deviner
l’approche sournoise du phénomène.
Habituellement,
le taux de manque d’estime de ma personne, après analyse, restait stable autour
de 37%, ce qui par voie de conséquence chiffrait mon taux d’estime à environ
63%, niveau très respectable se situant dans la bonne moyenne des individus
sains.
Là,
brutalement, les 37% sont passés à 40% soit 3 points d’estime en moins. 3
points, ça n’a l’air de rien, mais en réalité, ça change tout et peut vous
conduire à subir un déclassement momentané de la part de l’Agence de Cotation
des Positivités Sociales.
Quand
on se prend en grippe aussi brutalement, on perd l’appétit de soi-même et bien
sûr, de tout le reste. Un simple regard porté sur vous-même déclenche des
crises de sudations indescriptibles. Une pâleur cadavérique vient glacer la
laideur d’un visage qui vous fait peur.
Après
consultation de votre Psy, le traitement est toujours le même : deux
semaines d’anti-sceptiques à haute dose.
Dans
l’attente de la guérison, je me suis mis des claques sans me prévenir, je me
suis pissé dessus, craché au visage dans le miroir, puis offert en serpillière
expiatoire pour nettoyer tout ça en me traitant de con dans mes délires
fiévreux.
Au
plus haut de cette crise de grippe, j’ai demandé à ma femme de me mettre à la
porte de la maison ne pouvant plus supporter qu’elle puisse continuer à vivre
avec un tel minable.
Et
puis, ce matin, j’ai senti que les choses s’inversaient doucement. Je me
prenais moins en grippe et recommençais doucement, mais très doucement à
m’aimer un peu. Je pouvais me regarder dans la glace et me mit à nettoyer et
cirer mes chaussures.
J’ai
vraiment su que j’étais totalement guéri quand je me suis de nouveau trouvé
dans la rue et que j’ai pu constater qu’autour de moi les gens étaient
laids, minables et méchants entre eux. Malheureusement personne ne semblait s’être pris en grippe et
tous ces imbéciles heureux vaquaient bêtement à leurs occupations.