samedi 14 février 2015

LA GRIPPE 

Voilà que je me suis pris en grippe ! Cela va faire maintenant un peu plus de deux semaines.
Tous les ans, pourtant, je prenais bien soin à l’approche de l’hiver  de me plier à une séance de vaccination chez mon psy. Cette année, rien n’y a fait et la maladie m’est tombée dessus brutalement : Je me suis pris en grippe sans que rien ne me laisse deviner l’approche sournoise du phénomène.
Habituellement, le taux de manque d’estime de ma personne, après analyse, restait stable autour de 37%, ce qui par voie de conséquence chiffrait mon taux d’estime à environ 63%, niveau très respectable se situant dans la bonne moyenne des individus sains.
Là, brutalement, les 37% sont passés à 40% soit 3 points d’estime en moins. 3 points, ça n’a l’air de rien, mais en réalité, ça change tout et peut vous conduire à subir un déclassement momentané de la part de l’Agence de Cotation des Positivités Sociales.
Quand on se prend en grippe aussi brutalement, on perd l’appétit de soi-même et bien sûr, de tout le reste. Un simple regard porté sur vous-même déclenche des crises de sudations indescriptibles. Une pâleur cadavérique vient glacer la laideur d’un visage qui vous fait peur.
Après consultation de votre Psy, le traitement est toujours le même : deux semaines d’anti-sceptiques  à haute dose.
Dans l’attente de la guérison, je me suis mis des claques sans me prévenir, je me suis pissé dessus, craché au visage dans le miroir, puis offert en serpillière expiatoire pour nettoyer tout ça en me traitant de con dans mes délires fiévreux.
Au plus haut de cette crise de grippe, j’ai demandé à ma femme de me mettre à la porte de la maison ne pouvant plus supporter qu’elle puisse continuer à vivre avec un tel minable.
Et puis, ce matin, j’ai senti que les choses s’inversaient doucement. Je me prenais moins en grippe et recommençais doucement, mais très doucement à m’aimer un peu. Je pouvais me regarder dans la glace et me mit à nettoyer et cirer mes chaussures.
J’ai vraiment su que j’étais totalement guéri quand je me suis de nouveau trouvé dans la rue et que j’ai pu constater qu’autour de moi les gens étaient laids, minables et méchants entre eux. Malheureusement  personne ne semblait s’être pris en grippe et tous ces imbéciles heureux vaquaient bêtement à leurs occupations.

1 commentaire:

  1. Belle image de la solitude du voisin de palier; de l'indifférence!

    RépondreSupprimer