jeudi 28 janvier 2016



Coucou !

Le mercredi 22 avril 2015, il faisait beau, le muguet était déjà là près du portail et grignotait la petite allée gravillonnée menant à la maison.
Sur la page de ce 22 avril la Loire se cachait derrière la levée. Ceci n’a pas changé depuis ; en témoigne cette photo prises bien des mois plus tard.
 

 
Un printemps de belle tenue fut suivi d’un été serein passé à réfléchir à rien entre les rangs d’un jardin potager exigeant, capricieux parfois mais toujours riche d’une naturelle générosité.
Les visiteurs et autres passants semblaient y voir l’image du bonheur en ignorant qu’un jardinier peut secrètement passer son temps à attendre le fruit du vœu qu’il fit un jour en entendant le premier chant de coucou de l’année.
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi ?

Un proverbe dit : « On apprend à nager en hiver et à patiner en été ». Il est vrai qu’en été, je patine, je patine, avec tout de même suffisamment de bonheur pour me sentir fort capable de nager dedans en hiver, d’oublier momentanément le coucou en lui donnant rendez-vous, s’il le veux bien, au printemps prochain.
Tout ça pour dire, pour se trouver une excuse, pour essayer de comprendre pourquoi je n’ai rien écrit sur ce machin-blog (ni ailleurs d’ailleurs) depuis le mercredi 22 avril 2015 qu’il y a peut-être une forme d’équilibre dans la pratique d’activités saisonnières. Si le jardin, la terre et l’eau dorment en hiver, la plume, l’encre et les notes s’activent à nouveau quand il retombe sur nous. Sauf peut-être une ou deux chansons que je daterai en été par esprit de contradiction.
Depuis ce 22 avril qui n’a rien de particulier ni d’exceptionnel, j’aurais pu mourir, par exemple, et mon blog n’en n’aurait rien su ?
Bien entendu, en ce genre de circonstance, je ne peux pas compter sur mes lecteurs qui se montrent presque totalement inexistants, mais plutôt sur un égaré de la toile détourné de son chemin par un coucou malfaisant. Bref, le seul qui aurait pu croire à ma mort et donc aujourd’hui à ma résurrection et dont j’ignore tout.
Pourquoi, bon dieu ! Pourquoi ?
J’ai des amis qui font le tour du monde en bateau et qui se sont battus contre des vents déchainés dans les canaux de Patagonie chilienne tandis que Noël s’approchait à grands pas. Ils trouvent le moyen d’écrire un journal, de nous parler des livres et des moutons qu’ils dévorent, des longues escales solitaires bloqués sous les falaises et les glaciers de la Cordillère et des quelques mots de poésie qu’il leur suffit d’échanger dans ce vide silencieux pour atteindre le secret bonheur de leur sentiment d’éternité.
Je n’ai donc aucune excuse et si mon blog ignore ma mort, il faut bien l’avouer, je m’en fous royalement !
Pourtant, cher lecteur (soyons modeste, commençons par le singulier) il faudra vous y faire : je remets le couvert aujourd’hui, je dresse à nouveau ma table de lecture pour vous inviter au festin de mes élucubrations. Si vous avez enfin un commentaire à faire, écrivez-le sur la nappe ou bien écoutez pour fêter nos retrouvailles : 
 
Surabaya Johnny – Paroles de Boris Vian – Musique de Kurt Weill
Rochefort sur Loire – Poème de René Guy Cadou – Musique de Jean-François Salmon